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Philippe Bontemps est batteur. Il nous
livre ici son témoignage sur la découverte de la technique
Alexander.
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Ma découverte de la Technique Alexander
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J’ai découvert
la Technique Alexander après avoir expérimenté
de nombreux autres chemins.
Etant musicien professionnel (batteur et percussionniste), j’ai
rencontré de nombreuses difficultés dans ma pratique
instrumentale : raideurs, douleurs et autres désagréments.
Je n’arrivais pas à exprimer par mes gestes mon intention
rythmique et musicale. Je les sentais embarrassés, manquant
de liberté et de fluidité. Le blocage était tel
que j’ai dû interrompre ma carrière.
La pratique d’autres méthodes m’a procuré
beaucoup de soulagement et de bien-être.
Mais ce qui m’a semblé différent dans la Technique
Alexander c’est cette démarche d’investigation
sur ce qui se passe avant et pendant l’activité. Elle
met en conscience l’excès d’investissement musculaire
qui accompagne presque toujours l’intention d’entrer dans
l’action.
Par rapport à mon instrument, je me suis rendu compte de tout
ce que je mettais en trop dans mon intention de jouer et dans le jeu
lui-même qui faisait barrage à ma libre expression.
Je compris qu’il s’agissait, non pas de se relâcher
dans l’effort, mais de trouver une tonicité plus juste,
désencombrée du surplus, générée
par l’établissement d’une nouvelle organisation
globale. |
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Et la première
chose consiste à arrêter de faire ce qu’on se
fait, ce qui n’est pas facile au début en raison de
la force de nos habitudes et de la référence à
nos sensations familières comme guide pour entrer dans l’action.
Petit à petit j’ai appris à renoncer à
réagir immédiatement au stimulus de jouer et à
mettre en place les conditions favorables à l’émergence
d’une action harmonieuse.
Dans les débuts, une fois les conditions réunies,
curieusement je n’avais plus envie de jouer et je restais
devant ma batterie, mes baguettes à la main, sans rien faire.
Je ne parvenais plus à initier l’action avec mes nouveaux
repères. C’était un moment à la fois
étrange et prometteur.
Par la suite, j’ai vécu dans mon jeu une alternance
de moments "coordonnés" et d’autres empreints
de mes anciennes habitudes.
Cette évolution a été progressive, et j’ai
pu reprendre ma carrière professionnelle alors que je l’avais
interrompue pendant pratiquement dix ans.
Après toutes ces années de frustration, c’était
une belle revanche !
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Les surtensions musculaires peuvent limiter l’expression
de l’être
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Au delà
de l’aspect physique, j’ai constaté que ce travail
avait des répercussions sur ma confiance en moi. La sensation
d’un meilleur contact avec le sol et l’espace a amélioré
ma posture et m’a redonné une présence solide
et tranquille. Mon rapport aux autres est devenu plus aisé,
avec une vision plus claire de la juste distance à avoir.
Dans ma pratique musicale, le trac et la peur du jugement ont largement
battu en retraite, laissant place à une certaine sérénité
avec des moments de pleine disponibilité créative.
Il est étonnant de constater à quel point les surtensions
musculaires peuvent limiter l’expression de l’être,
altérer sa joie, et gêner sa relation à lui-même
et aux autres.
Ces tensions excessives sont bien sûr liées au profil
psychologique de l’individu dû à son histoire. |
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Mais le travail en
Technique Alexander, sans investiguer dans ce domaine, permet néanmoins,
par le biais de l’apaisement des tensions et de la re-dynamisation
de la coordination neuromusculaire, un meilleur contrôle de
ses émotions et une amélioration de son comportement.
Je trouve que c’est un chemin exigeant qui implique l’être
dans son intimité et sa profondeur mais le jeu en vaut la
chandelle. Il y a tout au long du parcours (qui n’est d’ailleurs
jamais fini), à travers les embûches et les résistances,
de bonnes surprises et l’étonnement de (re)découvrir
l’intelligence cachée de la matière vivante
qui nous constitue.
Philippe Bontemps
Batteur - Professeur certifié de la Technique ALEXANDER (STAT)
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n'ont pas toutes travaillé avec l'auteur de ce site
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