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Un propos étonnant, une recommandation
contraire au bon sens ?
Et pourtant la directive contraire : « respirez », entraîne
des réponses facilement observables : je respire, je soulève
les épaules, je pince le nez, je ressens un plein dans la poitrine
dont je ne sais pas quoi faire et je n’ai qu’une envie
c’est de m’en débarrasser. |
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De l'élasticité du diaphragme
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D’accord, ça
m’a apporté de l’oxygène, mais la fonction
dynamique de l’air comme partenaire mobile et souple de l’action
est totalement absente. Il n’est pas difficile de comprendre
pourquoi : dans la respiration volontaire, l’élasticité
du diaphragme est en dessous de ses capacités parce que le
mouvement instinctif et spontané est hors jeu. Il est contrarié
par l’action volontaire.
En revanche, l’idée de percevoir un parfum, celui d’une
rose par exemple, comme le recommandent les anciennes méthodes
de chant et de moins anciennes aussi, mobilise de manière réflexe
les récepteurs de l’olfaction qui se trouvent dans la
partie supérieure des fosses nasales. Celles-ci vont s’ouvrir
pour laisser passer le flux d’air chargé des molécules
odorantes et permettre l’excitation maximale des récepteurs.
Ce flux d’air qui part du point le plus élevé
du conduit aérien, et sans doute à cause de cela, va
se diriger très rapidement vers la base des poumons en les
remplissant au passage de manière optimale, c’est-à-dire
sans rencontrer d’obstacles.
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Le diaphragme, de son
côté informé nerveusement de la nécessité
de mettre en jeu son élasticité, de manière
plus ou moins importante selon le type d’activité désirée,
va se trouver stimulé par un mouvement du flux qui, n’ayant
pas été perturbé par l’inspiration volontaire
et remplissant les poumons de manière équilibrée,
va lui-même s’épanouir de manière équilibrée.
C’est-à-dire autant à l’avant qu’à
l’arrière et sur les côtés. C’est
ainsi que sa puissance et sa souplesse vont s’accroître,
sans effort et que le fameux « soutien » de la voix,
parlée ou chantée, ainsi que sa mise en jeu dans le
travail physique, vont pouvoir se reposer sur une force souple et
sans aucune dureté.
On rencontre souvent quelques écueils dans cette pratique.
D’abord on est victime de la réponse spontanée
à la directive d’« inspirer ». C’est
pourquoi il vaut mieux l’énoncer en disant «
percevoir le parfum ». Et se rendre compte qu’on n’a
nul besoin de faire un geste inspiratoire. La prise de conscience
de cela est très importante et efficace pour se débarrasser
de ce geste.
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Inspirez, expirez...
Ou l'épanouissement du non faire
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Ensuite
il faut ASSISTER au flux de l’air tel qu’il se passe
et ne rien faire qui puisse le freiner : gonflement de la poitrine,
« alignement » du dos. Enfin il faut PROFITER de l’épanouissement
du diaphragme, tel qu’il se passe, pas plus, pas moins, seulement
tel qu’il se passe. Vouloir augmenter son amplification va
le perturber. Il le fera de lui-même au cours de la pratique.
Laquelle ne demande que du sang-froid pour résister aux tentations
tellement habituelles que j’ai décrites. En effet nous
sommes construits pour accueillir l’air en nous. Nous le faisons
toute notre vie, mais qu’on nous dise d’inspirer et
tout le naturel disparaît. Alors qu’il suffit de s’appuyer
sur lui et non pas d’essayer de faire mieux que lui.
Mais notre goût moralisateur pour l’effort nous intoxique
et notre conviction d’avoir à être « maîtres
et possesseurs de la Nature » nous prive d’en tirer
enseignements et bénéfices.
C’est un travail de la pensée, qui nous demande de
choisir avec soin les mots, organisateurs de ce qui est déjà
là, avant que nous le perturbions.
Une objection bienvenue d’un ami chanteur, me signale que
dans le chant on n’a souvent pas le temps de respirer par
le nez.
En effet et c’est là que je dois préciser quelque
chose : c’est que la procédure que je propose n’a
pas pour but de « bien respirer » en respectant un trajet
obligé, mais bien plutôt d’ouvrir le trajet qui
existe pour qu’il s’habitue à être disponible.
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Et que, en particulier
le diaphragme, puisse acquérir et conserver en toutes circonstances
ces qualités (que j’ose lui promettre !) de souplesse
et de stabilité nécessaires en particulier dans la
pratique du chant.
Le trajet ainsi ouvert n’a pas de raison de se fermer sur
une partie de son parcours et « respirer par la bouche »
n’est-il pas simplement un ajout d’air dans le circuit,
lequel, parfaitement préparé, ne va pas se laisser
déstabiliser par cette entrée d’air par la bouche…
il me semble…
L’important est donc de fréquenter et d’épanouir
ce circuit, en tant que conquête permanente que la simple
évocation du parfum d’une rose peut restaurer à
tout instant s’il en est besoin. J’ajouterai que l’état
idéal du diaphragme obtenu de cette façon, permet
à celui-ci de mettre en jeu sa double fonction simultanément,
de stabilité sur ses bords et de mobilité en son centre
nécessaire à la variation des pressions selon les
fréquences sonores émises.
L’image d’un trampoline peut servir pour le comprendre.
On a ainsi une belle occasion d’éprouver que la solidité
prend sa source dans l’épanouissement, l’ouverture
obtenus par le « non-faire la respiration » en l’occurrence,
et non par la contraction et l’effort.
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